Sign in / Join

Euro 6 : Comment fonctionne la norme pour les voitures ?

Certains véhicules diesel respectant la norme Euro 6 restent interdits dans les zones à faibles émissions de plusieurs grandes villes françaises. Les limites d’oxydes d’azote fixées par la réglementation varient selon la méthode de mesure utilisée lors des tests d’homologation. Depuis 2014, les constructeurs doivent adapter en permanence les systèmes de dépollution pour répondre à des exigences qui évoluent tous les deux à trois ans. Les propriétaires de voitures récentes ignorent souvent que la conformité à cette norme dépend aussi du type de motorisation et de la date de première immatriculation.

Euro 6 : une étape clé dans la lutte contre la pollution automobile

La norme euro 6 a rebattu les cartes dans la bataille contre les émissions polluantes des voitures particulières. Mise en place dès septembre 2014, elle a obligé les constructeurs à serrer la vis, tout particulièrement sur les oxydes d’azote (NOx) émis par les moteurs diesel. Avant ce cap, les précédentes normes euro ciblaient surtout les particules fines et le monoxyde de carbone. Avec euro 6, la règle du jeu s’est élargie : dorénavant, chaque polluant se voit attribuer une limite stricte à ne pas dépasser dans les gaz d’échappement des voitures neuves.

Lire également : Tout ce qu’il faut savoir sur le traitement téflon sur carrosserie

Les données sont limpides. Pour le diesel, euro 6 abaisse le plafond des NOx à 80 mg/km, soit moins de la moitié de la limite fixée par euro 5 (180 mg/km). Côté essence, le seuil reste à 60 mg/km, mais la pression se renforce sur les particules. Ces chiffres ne se contentent pas de figurer dans la réglementation : ils servent de référence lors des tests d’homologation, d’abord en laboratoire, puis, à partir de 2017, sur route avec le protocole RDE (Real Driving Emissions).

S’adapter à euro 6, c’est intégrer des technologies inédites. Les filtres à particules deviennent indispensables, tandis que les moteurs diesel se dotent presque tous d’un système de réduction catalytique sélective (SCR). Ce dispositif, qui nécessite l’emploi d’un additif à base d’urée (AdBlue), transforme les oxydes d’azote en azote inoffensif et en eau. La conséquence ? Une nette diminution des émissions de gaz polluants et un nouvel élan donné à la lutte contre la pollution automobile.

Lire également : Durée de vie moteurs électriques : peut-on les considérer comme éternels ?

Quels véhicules sont concernés et comment reconnaître la norme sur sa voiture ?

La norme euro 6 concerne tous les véhicules particuliers et utilitaires légers neufs qui ont pris la route à partir du 1er septembre 2015, qu’ils roulent à l’essence ou au diesel. Impossible d’y échapper pour les constructeurs : toute voiture neuve vendue depuis cette date doit répondre aux seuils fixés par la norme euro en matière d’émissions de polluants.

Pour savoir précisément à quelle norme euro correspond un véhicule, le réflexe à adopter est de consulter le certificat d’immatriculation, aussi appelé carte grise. La case V.9 indique la norme respectée lors de l’homologation ; on y trouve généralement la mention « euro 6 » ou « euro 6b » pour les modèles récents. Si ce champ reste vide, la date de première immatriculation donne un indice solide : toute voiture immatriculée après septembre 2015 est presque systématiquement conforme à la norme euro 6.

L’impact de cette classification se mesure dans l’attribution de la vignette Crit’Air. C’est la norme euro du véhicule qui détermine le niveau Crit’Air, élément clé pour accéder aux zones à faibles émissions déployées dans de nombreuses grandes villes françaises.

Voici comment s’organise la répartition des vignettes Crit’Air selon la norme du véhicule :

  • Crit’Air 1 : véhicules essence euro 5 et euro 6
  • Crit’Air 2 : véhicules diesel euro 6

Connaître la norme euro de sa voiture n’a rien d’anecdotique. Ce détail influence directement les possibilités de déplacement, surtout alors que les restrictions de circulation se généralisent avec la montée en puissance des politiques anti-pollution.

Impacts concrets d’Euro 6 sur l’usage quotidien et l’entretien des véhicules

L’application de la norme euro 6 a transformé les habitudes des automobilistes et le quotidien des professionnels de l’entretien. Pour limiter les émissions polluantes (NOx, particules fines), les motorisations essence et diesel embarquent désormais des équipements sophistiqués. Sur la plupart des diesels, la réduction catalytique sélective (SCR) est devenue incontournable. Elle s’accompagne de l’utilisation d’AdBlue : cet additif doit être régulièrement contrôlé et rempli, sous peine de voir la voiture refuser de démarrer ou afficher une panne électronique.

Les moteurs essence évoluent aussi. Certains modèles reçoivent désormais des filtres à particules, réduisant sensiblement les émissions. Cette montée en gamme technologique modifie l’entretien : il faut prévoir des vidanges plus rapprochées, surveiller l’état des filtres, réaliser des diagnostics électroniques plus fréquents. Un simple capteur défectueux peut provoquer le passage en mode dégradé ou faire surgir un voyant antipollution.

Dans la vie courante, ces changements sont tangibles. Le démarrage à froid s’effectue avec moins de rejets nocifs, mais il peut enclencher un cycle de régénération du filtre à particules, perceptible par le conducteur. Côté garage, la complexité des moteurs euro 6 augmente la technicité des interventions : les outils de diagnostic évoluent, nécessitant des investissements lourds et une formation continue.

L’accès aux centres-villes dépend de la conformité à la norme euro du véhicule. Cette nouvelle donne redessine la mobilité urbaine et impose une vigilance accrue sur l’entretien des systèmes de dépollution.

voiture pollution

Vers Euro 7 : ce que l’évolution des normes annonce pour les automobilistes

L’arrivée de la norme euro 7 fait déjà couler beaucoup d’encre et fait monter la pression sur les industriels comme sur les automobilistes. Bruxelles veut aller beaucoup plus loin. Si la euro 6 a poussé les constructeurs à réduire les oxydes d’azote, les particules fines et le monoxyde de carbone, la prochaine étape s’annonce plus radicale : il ne s’agira plus seulement de respecter les seuils à l’homologation, mais de garantir la maîtrise des émissions polluantes tout au long de la vie du véhicule. La euro 7 ne cible plus uniquement les voitures thermiques ou hybrides : elle inclut désormais les électriques et prend en compte les émissions issues de l’usure des freins et des pneus, une première.

Les constructeurs automobiles vont devoir anticiper une série d’évolutions majeures. Voici les principaux axes de renforcement attendus avec la future norme euro :

  • La réduction maximale des NOx tolérés
  • L’encadrement strict des gaz d’échappement en usage réel
  • L’obligation de maintenir l’efficacité des systèmes de dépollution dans la durée

Le contrôle ne se limitera plus à quelques tests ponctuels : place à la traçabilité électronique, avec un suivi permanent des émissions polluantes. Pour les ingénieurs, c’est une révolution dans la conception des véhicules. Les moteurs, les filtres, les capteurs devront évoluer pour répondre à des critères inédits.

Les automobilistes verront débarquer des véhicules toujours plus complexes, bardés de capteurs et de systèmes de contrôle sophistiqués. Les garages devront s’adapter, acquérir de nouveaux outils et se former aux diagnostics de pointe, pour rester dans la course face à une réglementation qui ne cesse de se renforcer sur la réduction des émissions.

À chaque nouvelle norme, l’automobile se réinvente sous la contrainte, repoussant les limites de la technologie. Reste à savoir si cette quête d’air plus pur saura garder le cap sans exclure les automobilistes du jeu urbain.